samedi 6 décembre 2014

Les bras en l'air

Compagnon d'infortune
mon frère
avec mes petits bras d'enfant
pour toi j'ai décroché la lune
et l'ai posée dans ton berceau
que tu ne sois pas sans lumière
terrifié
comme je le fus un peu plus tôt

Maintenant nous avons grandi
et loin de ce monde que nous avons fui
ma prouesse
ne vaut pas un clou
Décrocher la lune
pourquoi faire ?
quand il y a tant de lumière
partout

C'est pourtant tout ce que je sais faire
Là d'où je viens
c'est tout ce que j'ai appris
et je ne puis tourner la page
pour aller vers d'autres rivages
quand tant d'enfants
grandissent dans la nuit

Alors
tant pis
derrière le paravent de ma vie
pour eux je la décroche encore
les bras en l'air
le cœur de travers

Et ces mots...

Tes yeux se sont fermés
à la lumière
Ils ne voient plus que ce qui s'est arrêté
ce qui s'est cristallisé
dans la pénombre

Tes yeux ne savent plus la beauté

Et lorsque vient le jour
si bleu
si clair
ils sont tournés vers la nuit d'hier
ce temps passé sans même une seule étoile
sous la voûte des pierres accumulées
des faits de l'homme
devenus caverne
solitude égarée

Tes yeux n'aperçoivent plus
que leurs tristes décombres
et en sont aveuglés

Et ces mots
qui viennent à ma bouche
ne sont pas ceux que tu attends

Je voudrais tant qu'ils te touchent
Mais là où tu es
tu ne les entends

Alors plutôt que de me trahir
en te disant ce qu'il te plaît
Je me tais

Et tous ces mots que je ne peux dire
ne se parlent plus qu'en secret

vendredi 3 octobre 2014

Poésie et musique

Extrait du récital donné le 13 septembre 2014 à la Chapelle des Pénitents, 34660 Cournonterral

 
 
Pour en savoir (ou en entendre...) plus:

jeudi 25 septembre 2014

Urgence

Les souvenirs se pressent
à la porte
Vite, vite !
Laisse-les entrer
Et ouvre la fenêtre
Sois tranquille...
Ils ne font que passer

Les souvenirs se pressent
à la porte
Ne ferme pas à clef
Tiens-là plutôt grande ouverte
sinon
ils vont s'accumuler
et bientôt ta mémoire sera morte

Les souvenirs se pressent
à la porte
les doux
les cruels
les beaux
les laids
-ce masque dont ils sont affublés-
Surtout ne crains pas qu'ils te blessent
Hier ne fût tel
qu'aujourd'hui tu le crois

Les souvenirs se pressent
à la porte
ce temps que tu n'as pas vu passer
Ne le pleure pas
le voilà
il revient
pour que tu puisses enfin
l'habiter

Les souvenirs se pressent
à la porte
Vas-y !
Maintenant !
Ouvre-la !
Le soleil brille à la fenêtre
Ils s'en iront transfigurés

mercredi 18 juin 2014

Who

You ! Tell me then:
But who are you ?
I’ve never seen
Someone  like you

You ! Tell me then:
But who are you
Who looks at me ?
I don’t know you

You look at me
I look at you
And I don’t know
But who is who

You look at me
I look at you
And I wonder
If “who” is true

I look at you
I don’t know why
You look at me
But who am I ?

You look at me
I don’t know why
I look at you
But who am I ?

I look at you
Looking at me,
You look at me
Looking at you
We don’t know why
But who is “I” ?

mardi 3 juin 2014

Quelques nouvelles

Chers lecteurs,

Quelques uns des poèmes publiés ici l'ont été également ailleurs durant ces derniers mois.

Vous pourrez ainsi trouver la traduction anglaise de l'un d'eux, par Birrell Walsh, dans Ligmincha Europe Magazine, numéro 9
http://issuu.com/bongaruda/docs/9_ligmincha_europe_magazine

D'autres ont été publiés dans les Anthologies Poétiques de Flammes Vives 2013 (tome 3) et 2014  (tome 1)
http://www.flammesvives.com/

Deux autres encore ont reçu le diplôme d'honneur du Concours Littéraire Regards 2014, Prix du Présent Jour
http://www.regards.asso.fr/

Et que vive la poésie !




lundi 12 mai 2014

Et si

Et si tu mourais maintenant
La vie serait encore cet instant

Et ce qui loin du ciel te retient
C'est de sans cesses penser à demain

Et cela qui te fait souffrir
C'est de croire que la vie peut finir

C'est de t'imaginer le néant
Là où il n'y a que changement

C'est de regarder en arrière
Et de penser que tu le perds

Ce corps que tu n'as jamais eu
Cet être que jamais tu ne fus

C'est de vouloir des lendemains
Ressemblant à ces clairs matins

Que tu crois être ceux d'hier
Mais c'est en toi qu'est la lumière

Hier ou demain ô mon amour
En cet instant et pour toujours
Je te connais sous tes atours

mardi 14 janvier 2014

L'adieu

Je ne l'ai pas reconnue tout de suite
tant son masque m'était familier

L'absence de cette étincelle qui vous tire du lit au réveil

La flamme qui s'allume quand le soleil brille
vacille au gré des événements
et s'éteint quand la nuit tombe

La voix de l'ami qui s'est tue en vous

Et puis
devant la souffrance encore une fois revenue
cet imperceptible mouvement de l'âme
en quelques sortes anodin
ce recul qui prend voix
-Non, je ne veux pas de la vie.

Longtemps
chaque fois qu'il s'était manifesté
je l'avais accompagné dans la solitude
avec détermination
sans le lâcher d'une semelle
jusqu'à qu'il finisse par s'y dissoudre.

Cette présence attentive m'avait gardée du pire

Lui donner raison

L'habiller d'une brillante armure de mots
et devenir son soldat

Arborer les couleurs du désespoir
et porter son étendard.

Et maintenant que le ciel riait
et que le rêve avait la même clarté
je croyais le travail achevé.

Enfin
j'allais pouvoir me coucher dans le pré en fleurs
et me reposer

Alors seulement
elle m'est apparue.

C'est que
sans le savoir
je l'avais traquée jusque dans ses derniers retranchements
au plus profond du sommeil

Là où l'on pense
si faussement
que rien ne se trame
ni guerre, ni paix

Dans l'illusion de la tranquillité d'un illusoire néant.

Elle était là, la haine

Une violence en plein cœur
une insulte
une offense glaciale
qui se paraient de vertu.

Elle était là
toute pure
sans motif et sans objet
dénudée de son secret

Il lui avait juste fallu un prétexte
et la souffrance avait fait l'affaire

Celle-là même qu'elle provoquait

En son nom
la vie se voyait claquer la porte au nez comme une dangereuse intruse

L'étau s'était ainsi refermé sur le jardin de la mort
sans autre issue

Pas un mot sur mes lèvres
pas un cri dans ma gorge
pas un gargouillis dans ma poitrine
que le souffle n'avait pas même eu le temps de gonfler
et dont la force toute entière lui était dévolue

Mon corps était ravi
ma parole gelée
mon esprit capté
dans ses terrifiantes visions.

Mais voilà que
dans son dénuement
elle perdit d'un coup toute consistance

Et aussi simplement que cela
elle disparut
me laissant veuve d'un monde terriblement familier
où je ne renaîtrai plus.