vendredi 25 mars 2016

Est-ce toi ?

Est-ce vraiment toi qu'on appelle
Est-ce toi qui est appelée
Ce nom appartient-il à celle
par lequel elle est désignée ?

Tu te lèves et tu t'étonnes
de te voir ainsi distinguée
d'être enfin Une
Une personne
parmi la multiplicité
Une entre chacune
qui ne ressemble à personne

Et dont on dit:
Voyez, c'est elle.
Et puis à qui
à qui l'on dit:
Viens,
c'est toi qu'ici l'on a désirée
c'est pour toi que l'on a prié

samedi 19 mars 2016

Une mort désirée

Dans le soleil du jour
tu ne vois pas s'élever
le souffle de l'amour
qui t'était professé
mais seulement pousser
le blé noir de la peine
que tu n'as pas semé
Et coule dans tes veines
un sang empoisonné

Non il n'est rien de pire
que cette cruauté
qui te laisse hors d'haleine
avant même d'expirer
qui t'enjoint de dormir
dans un berceau de haine
et de te réveiller
au milieu d'un charnier

Et puis qui abandonne
comme des caillots crachés
dans le feu de ton cri
les nacres de la vie
ta plus grande bonté
le meilleur que tu donnes
ce pourquoi tu es née

Dans le soleil du jour
-Entends ! Le glas sonne
mais ce n'est pas celui
de l'amour en personne
-ne sois pas endeuillée !-
C'est simplement celui
des mots qui l'ont trahi

Mariée, lâche ta traîne
cours où la vie t'emmène
où bat ton cœur tu peux partir
là où ta voix résonne
oui, tu dois t'en aller


lundi 7 mars 2016

Un ciel illusoire

Tu ne peux pas aimer la vie
Tu ne peux pas trouver la paix
Celui qui t'a touchée a détruit
Le chemin même qui y menait
De loin les anges te sourient
Et si, et si tu t'envolais ?

Les bonnes âmes que voici
T'abjurent: et si tu pardonnais
N'entendent-elles pas qu'il t'avilit
Que ce lien doit être défait
Se croient-elles donc au paradis
Et si, et si elles se trompaient ?

Et cela que tu as appris
Cela que tu sais être vrai
Ces mots qui ne peuvent être dits
Et qui seuls te libéreraient
Au nom du ciel sont interdits
Mais un tel ciel qui en voudrait
S'il faut le payer un tel prix ?
Et si, et si il ne l'était ?

samedi 5 mars 2016

En un seul coeur

Alors tous les esprits rassemblés
celui des arbre
celui du vent
celui des nuages
ceux des villes et des maisons
celui des hommes
et de la divinité
d'un seul cœur
dans le mien ont parlé

Ce que tu fais
si tu ne le fais pas
qui le fera ?

Ce que tu dis
si tu ne le dis pas
qui le dira ?

Ce que tu es
si tu ne l'es pas
qui le sera ?

mardi 1 mars 2016

L'effacement

Tu t'étais réfugiée dans la nuit
et chaque fois que la lumière d'une torche s'y dirigeait
pour t'y retrouver
tu t'y enfonçais un peu plus.

C'est que
la lumière aurait révélé ce que tu ne voulais pas voir de lui
et que
jusque-là
tu avais habillé de ton propre regard.

Le visage de l'homme que tu avais dessiné
n'avait de ses traits
que ceux que ton pinceau avait bien voulu relever,
noyant ses tranchants impitoyables dans le flou de l'aquarelle.

Et chaque jour
l'homme ressemblait un peu moins à ce portrait.

Alors
tu l'avais retouché encore et encore
jusqu'à qu'il n'en reste qu'un tracé si vague
qu'on ne l'y reconnaissait plus.

Et puis
quand son visage avait fini de s'estomper sur le tableau
et que tu n'avais plus eu
en face de toi
que celui de l'homme de chair et d'os,
ce sont tes yeux
qu'il t'avait fallu voiler,
un peu plus chaque jour,
d'un tissu toujours plus épais.

Et tandis que la nuit de ton regard l'engloutissait
c'était maintenant
ton propre visage
qui y disparaissait.

Tu t'es réfugiée dans la nuit.
Puisses-tu enfin t'y révéler.