lundi 24 août 2020

Sous le joug

Quand
tu plies sous le joug
d'une folle raison

Quand
au lieu chéri de l'espérance
vient l'angoisse

Quand
la danse irisée
des éléments se glace

Dieu est impuissant

Tu mets 
ton coeur 
au réfrigérateur
et le soleil ne peut 
le réchauffer

Tu caches
ta douleur
derrière le mur de l'inhabité
et l'ami ne peut
tenir ta main

Tu ranges
l'inattendu
dans le tiroir de ton vécu
et la lampe d'un autre savoir ne peut
le révéler

Car la divinité n'est pas un miroir

Elle est 
dans ce que nul encore
ne connaît


jeudi 6 août 2020

Solitude (2)

Je dépose sur le papier les premiers mots de ce poème.

Ce sont des mots pour retrouver le coeur de ce qui m'anime.

Où s'est-il enfoui ?
Où s'est-il perdu ?

Rétréci par des pleurs qui ne peuvent que se muer en colère,
endurci comme un os,
mon diaphragme l'enserre.

Et les sanglots s'étouffent dans ma gorge avec le souffle des mots qu'il retient.

Respirer au risque de pleurer,
pleurer au risque de la solitude.

La grande solitude.

Celle de la mère quand l'enfant prend son envol loin du foyer natal,
celle de l'enfant quand son parent dit adieu à sa vie,
celle du vieillard qui ne connaît plus que des défunts,
celle du Saint à qui le silence ne révèle plus que lui-même,
celle du nourrisson qui a épuisé son cri dans un long et vain appel,
celle des abandonnés, des exclus, des esclaves, des oubliés.

Car les mots ne sont pas pour personne,
ils sont toi-moi emmêlés.

O mon âme !
Y a-t-il une place pour toi dans un monde fabriqué par ce que les yeux voient,
par une raison qui ne sait que compter,
toujours plus, toujours plus, toujours plus.

O mon amour !
Que te reste-t-il à embrasser quand des murs s'élèvent toujours plus haut sur le chemin où se rencontrent les hommes,
celui de l'espérance.

Je dépose sur le papier les mots de ce poème,
et l'enveloppe invisible de mon âme commence à s'y dessiner,
et le halo transparent de l'amour.

Et mon coeur, soudain, bat un peu mieux.




lundi 3 août 2020

Solitude

La solitude est un grand drap blanc
qui m'enveloppe comme un fantôme effrayant

Je ne sais d'où elle m'est venue
peut-être l'avais-je en naissant
je veux la regarder en face
je te la montre dans la glace
tu ne vois qu'un reflet luisant

Tu ne peux pas la contempler
je me retrouve nue devant elle
plus vive encore
plus blanche
plus belle

Elle te brûlerait les yeux
elle te rongerait le corps
je la regarde vibrer encore
plus seule encore devant elle

Et si je pleure
c'est pour la vois plus clairement
la solitude est un grand drap tout blanc


                                                             Poème de jeunesse