lundi 14 décembre 2020

Publications

Deux nouvelles publications poétiques en cette fin d'année:


-Dans le Florilège 2020 de la Société des Auteurs et poètes de la Francophonie
                       https://poetes-francophonie.com/ 
      
-Dans le no 37 de la revue Rose des Temps
 

Au loin, la liberté

 





jeudi 3 décembre 2020

Iris

 L’IRIS SAUVAGE

Au bout de ma douleur
il y avait une porte.
Écoute-moi bien : ce que tu appelles la mort,
je m’en souviens.
En haut, des bruits, le bruissement des branches de pin.
Puis plus rien. Le soleil pâle
vacilla sur la surface sèche.
C’est une chose terrible que de survivre
comme conscience
enterrée dans la terre sombre.
Puis ce fut terminé : ce que tu crains, être
une âme et incapable
de parler prenant brutalement fin, la terre raide
pliant un peu. Et ce que je crus être
des oiseaux sautillant dans les petits arbustes.
Toi qui ne te souviens pas
du passage depuis l’autre monde
je te dis que je pouvais de nouveau parler : tout ce qui
revient de l’oubli revient
pour trouver une voix :

 

du centre de ma vie surgit
une grande fontaine, ombres
bleu foncé sur eau marine azurée.

                                 Louise Glück, Prix Nobel de Littérature 2020

mercredi 11 novembre 2020

Anesthésie (2)

Dans le silence qui soudain s'élève
des brumes où je me suis endormie

puis-je encore reconnaître la voix
du souvenir qui revient

habiter ce pays de neige
si blanc, si froid, si lointain

que la solitude obligée me contraint
à contempler encore, encore et sans fin

tout autour de moi

lundi 21 septembre 2020

Il faut le dire

L'amant de la mort
t'a coupé la parole

Car ce qu'il veut
ce ne sont pas des mots
mais des corps

Des corps à compter
dans ses rapports

Des chiffrent qui prouvent
qu'il est le plus fort
que seul lui peut
qu'il a raison
les autres ont tort
ils sont nuls

Il veut que la vie
ça rapporte gros

Que ça lui rapporte
à lui

Alors les mots
peu importe

Il prend ce qu'il trouve

Il faut que ça colle
avec ses calculs
que ça se voit
que rien ne circule
qu'il n'ait pas commandé
ni permis

L'amant de la mort
tu le sais 
à ton cœur défendant
jamais ne s'endort
avant d'avoir parfait
ses astuces

Il bricole
il ment

De ses filets n'échappe
pas une puce

C'est un tueur
qui s'ignore
il dérape

De l'amour
il s'en tape

Il ne tient 
qu'à ta douleur
et quand pour toi 
c'est l'horreur
lui
il est bien

Mais le pire
il faut le dire
quand il meurt
de ton âme
triste sort 
il ne reste plus rien
il a tout pris
sans en payer le prix

C'est un drame

C'est pourquoi
il faut le fuir.


 

lundi 24 août 2020

Sous le joug

Quand
tu plies sous le joug
d'une folle raison

Quand
au lieu chéri de l'espérance
vient l'angoisse

Quand
la danse irisée
des éléments se glace

Dieu est impuissant

Tu mets 
ton coeur 
au réfrigérateur
et le soleil ne peut 
le réchauffer

Tu caches
ta douleur
derrière le mur de l'inhabité
et l'ami ne peut
tenir ta main

Tu ranges
l'inattendu
dans le tiroir de ton vécu
et la lampe d'un autre savoir ne peut
le révéler

Car la divinité n'est pas un miroir

Elle est 
dans ce que nul encore
ne connaît


jeudi 6 août 2020

Solitude (2)

Je dépose sur le papier les premiers mots de ce poème.

Ce sont des mots pour retrouver le coeur de ce qui m'anime.

Où s'est-il enfoui ?
Où s'est-il perdu ?

Rétréci par des pleurs qui ne peuvent que se muer en colère,
endurci comme un os,
mon diaphragme l'enserre.

Et les sanglots s'étouffent dans ma gorge avec le souffle des mots qu'il retient.

Respirer au risque de pleurer,
pleurer au risque de la solitude.

La grande solitude.

Celle de la mère quand l'enfant prend son envol loin du foyer natal,
celle de l'enfant quand son parent dit adieu à sa vie,
celle du vieillard qui ne connaît plus que des défunts,
celle du Saint à qui le silence ne révèle plus que lui-même,
celle du nourrisson qui a épuisé son cri dans un long et vain appel,
celle des abandonnés, des exclus, des esclaves, des oubliés.

Car les mots ne sont pas pour personne,
ils sont toi-moi emmêlés.

O mon âme !
Y a-t-il une place pour toi dans un monde fabriqué par ce que les yeux voient,
par une raison qui ne sait que compter,
toujours plus, toujours plus, toujours plus.

O mon amour !
Que te reste-t-il à embrasser quand des murs s'élèvent toujours plus haut sur le chemin où se rencontrent les hommes,
celui de l'espérance.

Je dépose sur le papier les mots de ce poème,
et l'enveloppe invisible de mon âme commence à s'y dessiner,
et le halo transparent de l'amour.

Et mon coeur, soudain, bat un peu mieux.




lundi 3 août 2020

Solitude

La solitude est un grand drap blanc
qui m'enveloppe comme un fantôme effrayant

Je ne sais d'où elle m'est venue
peut-être l'avais-je en naissant
je veux la regarder en face
je te la montre dans la glace
tu ne vois qu'un reflet luisant

Tu ne peux pas la contempler
je me retrouve nue devant elle
plus vive encore
plus blanche
plus belle

Elle te brûlerait les yeux
elle te rongerait le corps
je la regarde vibrer encore
plus seule encore devant elle

Et si je pleure
c'est pour la vois plus clairement
la solitude est un grand drap tout blanc


                                                             Poème de jeunesse

vendredi 19 juin 2020

Confinement

Soudain
l'élan qui te portait
vers un ailleurs
est arrêté

Te voilà immobilisée
pourquoi ?
Le souffle coupé 
comment ?

Vers la douce chaleur
des êtres aimés
tu ne peux plus aller
depuis quand ?

Ils s'en sont allé
ils se sont enfermés
le ressort a cassé
ils ont peur

Alors
les souvenirs t'assaillent
ils sont une vaste plaine
un champ de bataille
ils s'enchaînent

Le temps n'est plus
qu'une façade
où se comptent les jours
une mascarade

Hier
c'est ici et maintenant
gravé dans la pierre
du présent

Et l'amour ?

Sans avenir
il s'égrène
et s'en va périssant
dans la neige
de tes soupirs
il oublie ses arpèges
il se tire

Rappelle-lui
qu'il est vivant !

vendredi 22 mai 2020

Ce qui est dit

Les mots ne viennent pas
pour dire
ce qu'on voudrait qu'ils disent

Ils ne disent pas le soleil
s'il ne brille pas,
ils ne disent pas le ciel
dans un caisson
d'isolation sensorielle,
ils ne disent pas l'amour
au séjour
de celui qui est seul
dans la vie

Ou alors
ils ne parlent que des morts
des absents
de ce qui n'est pas tel
qu'auparavant

C'est-à-dire
qu'ils ne disent rien

Ou encore
ils ordonnent

Ils ordonnent
sans en avoir l'air,
ils ordonnent le bien
sans savoir
qu'ils disent le contraire

C'est pourquoi
quand on use des mots
comme ça
pour dire ce qui n'est pas
on est sans parole

Car les mots viennent aussi
pour dire la nuit
et l'invisible
et l'ignorance,
pour dire ce qui est en souffrance

C'est pour ça qu'ils sont beaux

Car ils laissent au matin
au sensible
à la rencontre
au lendemain
leur chance
là où sans eux
il n'y aurait que vœux pieux

lundi 11 mai 2020

La confiance

Je cherche les mots de ce poème.

Ce sont des mots pour trouver la confiance.

La confiance dans cette vie-là, 
celle qu'il m'est donnée aujourd'hui de vivre.
Ou peut-être
pour la retrouver.

Mais alors que je voudrais les voir se dessiner dans l'empreinte laissée par mes pieds sur la terre
à chacun de mes pas,
comme les pétales de la fleur s'ouvrent 
comme le soleil brille
comme la pluie arrose le jardin
comme l'enfant naît
comme le sage s'émerveille
comme Dieu aime,
simplement,
au lieu de cela,
il me faut les chercher.

Je les cherche comme si
je ne les avais jamais entendus,
ni prononcés.

Comme s'il se pouvait
que la fleur soit sans pétales
que le soleil soit sans clarté
la pluie sans jardin
l'enfant sans naître
le sage sans s'émerveiller
Dieu sans aimer.

Je marche dans la boue des souvenirs,
dans la glace de l'instant,
dans les cendres de l'avenir,
où les mots de la confiance s'effacent avant même de s'être formés

comment s'écrivaient-ils donc ?

où ses images,
inconnues,
se troublent avant même de s'y imprimer

à quoi ressemblaient-elles donc ?

Je dépose sur le papier les mots de ce poème,
mais je sais maintenant que ce n'est pas ici qu'il me faut les chercher,
à la lumière de mes jours
ou sous leur tranchant lorsqu'elle disparaît.

Ils viennent d'ailleurs.

D'une planète qui se dérobe aussitôt qu'on croit l'habiter,
d'un espace qui se perd aussitôt qu'on croit le contempler,
d'une science qui se corrompt aussitôt qu'on croit la posséder,
d'une présence qui s'évapore aussitôt qu'on veut la nommer.

Ils viennent d'un plein silence
qui n'est pas celui de leur absence.

Je cherche les mots de ce poème pour trouver la confiance
là où elle s'est retirée.







dimanche 3 mai 2020

Promesse de jardin

Temps
des larmes

la joie s'abîme
en lambeaux

le désir se perd
au tombeau

mais la voix
du Vivant

est promesse
de jardin

Elle annonce
la lumière

qui fait passer
derrière

ce qui est
poussière

et tire
en arrière

L'appel est là
à vider

le chagrin
de ses embruns

à marcher
vers une légèreté

portée
par la clarté

de ce qui
a été

et que
la mort

ne peut
effacer

              Francine Carillo
                            

vendredi 1 mai 2020

Instants de deuil (3)

Quand ma grand-mère est morte
elle est passée de l'autre côté du voile

Là où elle est
elle veille sur moi

Quand ma mère est morte
elle est passée de l'autre côté du voile

Là où elle est
se trouve le seul refuge

          ...........

Ma mère nous a quittés bien avant de mourir

Elle était là
mais on ne savait pas où elle était

Elle nous a quittés
parce qu'elle ne pouvait plus vivre
ce qu'elle avait envie de vivre

Et elle n'avait plus envie de vivre
ce qu'elle vivait

Et cela
rien ne l'expliquait
ni dans son corps
ni dans son esprit
ni dans son cerveau
ni dans son histoire

Je sais pourquoi elle nous a quittés
mais je ne sais pas comment

C'est dans la béance de cette question
que le diable trouve à travailler

          ,,,,,,,,,,,

Les dernières années de la vie de ma mère
ont été un cauchemar

Mais elle était là

Maintenant
le cauchemar est terminé

Mais elle n'est plus là

D'elle
il me reste le souvenir de ce cauchemar

Et c'est un cauchemar bien pire

          ...........

Quand je me souviens des moments heureux
passés avec ma mère
elle me manque

Et c'est douloureux

Quand je me souviens des moments douloureux
passés avec elle
son bonheur me manque

Et ça
ça me fait mal

Je voudrais ne me souvenir
que de son bonheur à elle

Peut-être me manquerait-elle moins ?




lundi 27 avril 2020

Instants de deuil (2)

Quand ma mère est morte
je suis morte avec elle

C'est terrible d'être mort
quand on est encore vivant

            ...........

Etre dans l'instant
ce n'est pas oublier le passé
et ne pas regarder vers l'avenir

Au contraire

Dans l'instant
le passé est présent
et l'avenir est devant soi
ouvert

          ...........

Depuis que ma mère est morte
elle a cessé d'être absente
quand elle n'était pas présente 
dans le présent

Elle est présente dans le présent
c'est-à-dire dans le passé
et dans l'avenir

          ............

Quand ma mère était absente
elle me manquait

Mon avenir
c'était de retrouver sa présence

Maintenant
je manque
du manque de sa présence

Et quand ce manque se fait sentir
je ne vois plus mon avenir
je ne sais plus où aller








dimanche 26 avril 2020

Nuage de tendresse

Là où tu es
nuage de tendresse
peu importe le temps
qu'il fait

Les chemins se rejoignent
dans cet espace parfait
les nœuds
y sont défaits

Le cauchemar
démantelé s'éloigne
de ce palais
emporté par le vent

Et ce regard
qui doucement me soigne
de ses méfaits
est si profond

Que je peux
pressentir sa caresse
dans le trait
de son seul nom

samedi 25 avril 2020

Instants de deuil (1)

Cette nuit
ma mère est morte

C'était il y a bientôt quatre ans

Et pourtant
aujourd'hui comme hier
comme avant-hier
comme chaque jour passé depuis

Cette nuit
ma mère est morte

             ............

J'ai dix ans
j'ai vingt ans
j'ai quarante ans
j'ai cinquante ans

Et puis un jour
ma mère meurt

J'ai soixante ans
et je ne sais toujours pas
ce que je veux faire quand je serai grande

           ............

Un jour
ma mère est morte

Mais elle n'est pas morte

Elle est aussi vivante
que quand elle était vivante

Et même plus

          ............

Ma mère est morte d'une pneumonie

Je sais comment elle est morte
mais je ne sais pas pourquoi

C'est dans le creux de cette ignorance
que Dieu peut faire son travail




jeudi 23 avril 2020

Qu'est-ce donc que la vie

Toi qui pense savoir
d'où vient la mort
toi qui croit pouvoir
m'en protéger à tout prix
dis-moi 
dis-moi alors
qu'est-ce donc que la vie ?

Est-ce ce temps passé
recluse dans le mouroir
qu'est devenue 
cette chambre glacée
de n'être pas partagée
où tu m'as enfermée 
du matin jusqu'au soir ?

Est-ce ces longues heures 
perdues
dans les laboratoires
où tu observes mon corps
est-ce ces molécules
ces microparticules
ici analysées ?

Est-ce l'absence du cri
vibrant dans mes os perclus
de douleur
le silence de ce mal disparu 
endormi
par la morphine ?

Est-ce le souffle continu
de ce respirateur
auquel je suis branchée
dans une cabine
aseptisée ?

Est-ce l'obéissance
à tes savantes ordonnances
à manger pour manger
à boire pour boire
à marcher pour marcher ?

A courir pour courir
et ne pas voir le pire
parce que c'est bon pour mes organes
pour mon crâne
du moins en théorie ?

Et celui-là que j'aime
est-ce l'aimer
est-ce consoler sa peine
de le nourrir par cette lucarne
percée dans un mur
sans jamais le toucher
comme un vampire
impur ?

Le penses-tu vraiment
qu'on peut vivre sans tendresse
par les pores échangée
le crois-tu sûrement
qu'au lieu de son adresse
il suffit d'un médicament ?

Qu'à la chaleur humaine
qui demeure pourtant
quand je respire à peine
et même en mourant
je préfère les machines 
qui me préservent des angines 
seule dans ce havre
désinfecté
et gardent mon cadavre
vivant ?

Oui crois-tu que la vie
cela soit ça vraiment ?

Et penses-tu qu'ainsi
j'y tienne tellement ? 









vendredi 17 avril 2020

Aimer tellement

O ma mère qu'ici j'ai tant aimée
Toi que l'amour à mort a consumée
Pour toi mon coeur bat encore
Dans les graillons de mon corps
Sous l'écorce de mes jours
En ce temps de l'éternité
Où nous sommes pour toujours
Moi si douloureusement sur la terre
Toi si parfaitement dans l'éther



dimanche 5 avril 2020

Présentation

Présentation  par Michel Bénard du dernier recueil de poèmes de l'auteure dans la revue L'AGORA


 - Christiane Bozza«  Sur le fil »
Illustration photographique de Sacha Bauer- Schlichtegroll.
Editions des Poètes français – format 15x21 – nombre de pages 85 – 2 -ème trimestre 2019.



L’équilibre de la vie est bien précaire, fragile comme un poème au vent, posé «  Sur le fil .» C’est en composant ses poèmes que Christiane Bozza prend conscience de l’incertitude et de l’inconnu. Voici une écriture qui révèle beaucoup de sensibilité, elle est brodée à fleur de mot. Le poème tient toujours figure de questionnement. Tout chez Christiane Bozza n’est qu’une réflexion d’équilibre et de doute. Soudain tout peut s’effondrer, même les certitudes les mieux ancrées. Nous percevons chez elle une sensation d’égarement, de perte. La forme de l’écriture est libre, fragmentée, narrative autant qu’interrogative : « Et si tu n’en parles pas/ton corps le fera pour toi. » Le mot ici est porté comme un flambeau :  « Car vivre sans les mots/on ne le peut pas. » Notre auteure se méfie du silence qui voile souvent la vérité : « Un silence qui croit/qu’il peut/ce qu’il ne peut pas./Un silence qui étouffe ta voix. » Christiane Bozza nous dévoile un contentieux de jeunesse lié au père qui sera toujours manquant, sorte de blessure stigmatisante ouverte à vie. La plume en appelle aux souvenirs d’un vent de tendresse qui n’a jamais soufflé. Alors peut-être que la poèsie pour notre narratrice devient un baume, une douce caresse qui estompe les traumas de l’enfance. Parfois un ange passe. Poésie porteuse de vie et de nostalgie où s’égratigne la mémoire sur de fausses promesses. A vouloir trop l’aimer on tue la vie et par là même l’amour, alors mieux vaut :  « Laisser vivre les morts. » Le poème comme la vie sont des épreuves dont chaque jour nous délivre un fragment. Par un : « Poème de rien du tout.../... » prendre conscience de l’absolue vulnérabilité de l’existence.

Michel Bénard.      

http://www.societedespoetesfrancais.eu/revue.html

jeudi 2 avril 2020

Un cri

La naissance est un cri

Un cri qui ne sait pas
qu'il est un cri
qui ne sait pas
pourquoi
il se crie
ni vers quoi

Il ne sait pas
qu'il appelle
ni qui

La vie qui se crie
Le cri de la vie

Et si un autre ne répond pas
à ce cri
la vie ne se révèle
à celui qui naît
qui crie
il ne sait pas
qu'elle est là
en lui

Alors la vie
elle se fait la belle
elle s'en va
elle se retire
de lui

C'est pourquoi
sans un autre
que soi
sans les autres
il n'y a personne
personne n'est en vie
ni toi
ni moi
ni lui



mercredi 1 avril 2020

Au-dessus

Le champ désolé

au-dessus
les bulles de savon
soufflées par l'enfant
un peu plus loin
devant la maison
son jardin verdoyant
la porte ouverte à la chaleur
du printemps
de l'autre côté

Le champ désolé

ce n'est pas un enclos
abandonné
juste une terre oubliée
depuis longtemps
son herbe jaunie
illuminée par le ciel
les bourgeons rabougris
sous la boue séchée
le dessin des pierres
les fleurs imaginaires

Ô mon coeur
reviens ici !

Le champ de ma vie

les gens que j'ai connus
aimés
je les aime aussi
de l'autre côté
ils y sont
comme ces bulles de savon


vendredi 27 mars 2020

Si je crois que

S'il n'y a que le corps
tout seul
et ses globules
qu'on manipule
moi
je suis flinguée

Alors je me flingue

Si je ne suis 
qu'un corps inhabité
un vivant linceul
ça 
ça me dézingue

Alors je suis dézinguée

Si l'âme
est mise de côté
comme un conte à dormir debout
quand la mort est partout
coupée
du souffle qui la distingue
d'un esprit désincarné
sans lien
si elle est disjointe
je
je suis aliénée

Je deviens dingue

Alors
ça
moi
je ne le crois pas






dimanche 1 mars 2020

Anesthésie

La poésie parfois
se voit couper
l'herbe sous les pieds

La muse est muselée

Les mots ici
le corps ailleurs
l'esprit à la merci
de la douleur

Pour que tu vives encore
on l'endort

Alors il s'enfuit

Il invente un autre décor
où les mots ne sont plus que l'écho
de l'instant arrêté

Et ton âme épuisée
n'en peut mais

Et ton âme brisée
ne s'y reconnaît

Ainsi parfois
aux attaques du sort
la poésie se défait

Aux portes de la nuit
elle est défaite

Pourtant jamais 
elle ne se dédit

samedi 29 février 2020

Réparer l'irréparable

Il y a Celui à qui je m'adresse
pour réparer l'irréparable

Car Lui seul le peut

Quand je crois avoir trouvé
comment traverser la vie
dans son horreur et sa beauté
à l'irréparable je me blesse

Quand je crois être libérée
de cette souffrance intenable
que je crois savoir où aller
que le bonheur je sais où il est
et bien ce bonheur cesse
devant l'irréparable
qui vient de se révéler

L'irréparable qu'Il est le seul
à savoir réparer

Quand je crois connaître la voie
qui mène à Lui
que je Le prie
pour qu'Il répare l'irréparable
je me heurte à mon impuissance
devant l'irréparable

Car Lui seul à la connaissance
de ce qui doit être réparé