mardi 13 décembre 2016

Le piano

Et le piano
de ma tristesse
joue,
joue
tes airs préférés

Il les joue
et rejoue sans cesses
afin que s'oublie
ta détresse,
que s'efface
ta faiblesse
insensée
dans les virtuoses prouesses
de tes mains
sur les touches ivoirées,
cela que tu faisais
si bien

Et que de piano en forte
se retrouve
leur allégresse,
et que revive en moi
la déesse
dont je suis née



jeudi 17 novembre 2016

Le tyran

Ce
pouvoir
qu'il a
sur toi
le tyran
il ne l'a
que
parce que
tu le lui
donnes

Et en
le lui donnant
tu te sens
quelqu'un

Tu crois
que
tu fais
bien
que
ta force l'étonne
que
ton amour le désarçonne

Mais
un tyran
n'aime
jamais
que
lui-même

Pour lui
tu n'es
personne

Ce que
tu fais
pour lui
il croit
que
tu le lui
dois

Tu n'es
que
ce qu'il veut
que
tu sois

Et si
tu t'en vas
tu l'abandonnes
alors
il n'est
plus rien

Pour lui
c'est comme
si
il était mort







mercredi 2 novembre 2016

Tu veux

Tu veux que je parle du bonheur.
Pire encore, tu l'exiges.

Chez toi
seule la joie est autorisée.

Mais comment parler du bonheur
quand la souffrance l'a emporté,
quand c'est le mal qui a gagné,
quand ne demeure
que la désolation
qu'il a laissée.

Alors je t'en prie
laisse
laisse donc mes pleurs
le laver.

Aucun bonheur n'est
obligé.



lundi 3 octobre 2016

Au balcon du ciel

Tu es morte
et le puzzle de ma vie s'est défait.
A chacune de ses pièces,
celle sur laquelle se dessinait ton image
était reliée.

C'est que,
dès la première seconde de mon existence,
tu étais là.

Derrière le paravent du passé
qui vient pudiquement en masquer la soudaine nudité,
un autre s'assemble,
avec lenteur.

J'ignore encore quelles pièces demeureront,
celles qui changeront de forme,
celles qui n'y trouveront plus place,
et quelles inconnues y prendront la leur.

Et pendant ce temps,
toi,
tu t'installes au balcon du ciel
pour contempler
sa recomposition.


samedi 17 septembre 2016

Autumn Hope

Things are growing in the morn,
in the light;
but in the night,
in the darkness, things are born.

                                 Birrell Walsh

jeudi 18 août 2016

Réparation

Tu es morte
et le vitrail inachevé de ta vie s'est brisé

J'en ramasse un par un les morceaux
où je reconnais chacun de ses motifs

Les recoller n'en réparerait pas l'intime blessure

Pour cela
il ne reste désormais plus qu'à en appeler au souffle éternel
dont elle est née

dimanche 7 août 2016

Dors, dors

Dors,
dors
ma petite mère,
ton flambeau
ne s'est pas éteint,
entre les cieux
et la terre
je le vois
-quelle splendeur !-
bien au-delà
des yeux

Et surtout
ne crains pas
d'aller toujours
plus loin
sans détours
dans ce profond sommeil
jusqu'au bout
de la mort,
son cœur
est là
-quelle chaleur !-
si parfait,
il n'y a rien
de mieux

Et à jamais
il veille

dimanche 15 mai 2016

Patience

Dans l'espace
infini
du moment,
ce silence,
j'attends

Je suis
face
à la souffrance
et j'attends

J'attends
qu'elle se défasse,
j'attends
son dénouement

Et que cessent
les hurlements
de ce corps
en détresse

Ce corps
tordu
dans la transe
cruelle
des éléments

Ce corps
mortel
qui
ne peut pas
encore,
qui ne sait pas
comment

Ce corps
éperdu 
de non sens,
qui ne se sent
fondu
en lui

dimanche 24 avril 2016

A chacune

Ce fardeau-là
que je portais

pour toi
c'était

le tien

Je te le rends
le voilà
prends-en
grand soin
que je puisse enfin
donner tout son poids
au mien

A ce beau
destin
qui m'attend
depuis
si longtemps

Et que chacune
lestée du sien
jamais plus
ne s'envole
vers des contrées
illusoires,

ne caracole
en de vains
déboires,
ne saute plus
à l'eau

pour rien

Et marche droit
sans crainte aucune

et sans rancune
sur son chemin
parfois tout près

parfois très loin
mais
sans se séparer
jamais


Ton cœur
dans mon cœur
et le mien
dans le tien
qui
tu le sais toi aussi
ne sont qu'un


Et voilà
que tu pleures
O ma chérie !
Ce cœur
qui bat soudain
très fort
et qui supplie
-Dis-moi
dis-moi que ce n'est pas fini-
ce cœur-là
n'est qu'un leurre

Mon amour !
Ce n'est que du bonheur !
Aujourd'hui
est le plus beau
des jours

Car le vois-tu ?
Ce qu'aujourd'hui
tu pleures
n'est pas
ce qui fût
et qui
a disparu
mais bien
la fin
de ce fol
esprit
qui veut
que tu demeures
comme ses yeux
t'ont vue

Qui s'affole
et fuit
quand il s'aperçoit
que tu n'es pas telle
que tu n'es pas celle
qu'il croit,
que tu n'es pas lui

Qui a peur
d'être perdu
qui craint
que la mort
ne le tue,
qui ne connaît
l'infini
qui ne connaît
ce que tu es


Et qui oublie,
qui oublie l'essentiel,
ce qui fait
le sel
de la vie

Alors
comme je le sais
par cœur
que parfois
oui
durant
un bref instant
je le vis,
je te le dis

Et maintenant
tu souris

 

jeudi 21 avril 2016

Je ne croirai jamais

Je ne croirai jamais
la feuille morte
tant qu'elle n'est pas morte

En le croyant, je la tuerais

Je ne croirai jamais
le mal sans remède
tant qu'on ne l'a pas soigné

En le croyant, je le laisserais gagner

Je ne croirai jamais
la liberté impossible
tant que les prisons ont des portes

En le croyant, je la perdrais

Je ne croirai jamais
l'amour épuisé
tant que je vivrai

En le croyant, je le tarirais

dimanche 3 avril 2016

Ton vrai visage

A chaque fois
que le ciel
apparaît
bleu et clair,
ton fantôme réapparaît.
Et se rappelle
le mal
qui me fut fait.

A chaque fois
que l'oiseau
prend son envol
dans la lumière,
cette douleur l'assombrit.
Alors l'oiseau s'affole
et revient au nid,
muet.

Et
posant
sur le papier
les mots de ce poème,
je crains
qu'ils ne recouvrent ta trace,
te vouant
à l'oubli

Et que ce visage défait
derrière lequel
tu te caches
devienne celui
que l'on croira avoir été
le vrai,
le visage de celle
que tu n'étais.

vendredi 25 mars 2016

Est-ce toi ?

Est-ce vraiment toi qu'on appelle
Est-ce toi qui est appelée
Ce nom appartient-il à celle
par lequel elle est désignée ?

Tu te lèves et tu t'étonnes
de te voir ainsi distinguée
d'être enfin Une
Une personne
parmi la multiplicité
Une entre chacune
qui ne ressemble à personne

Et dont on dit:
Voyez, c'est elle.
Et puis à qui
à qui l'on dit:
Viens,
c'est toi qu'ici l'on a désirée
c'est pour toi que l'on a prié

samedi 19 mars 2016

Une mort désirée

Dans le soleil du jour
tu ne vois pas s'élever
le souffle de l'amour
qui t'était professé
mais seulement pousser
le blé noir de la peine
que tu n'as pas semé
Et coule dans tes veines
un sang empoisonné

Non il n'est rien de pire
que cette cruauté
qui te laisse hors d'haleine
avant même d'expirer
qui t'enjoint de dormir
dans un berceau de haine
et de te réveiller
au milieu d'un charnier

Et puis qui abandonne
comme des caillots crachés
dans le feu de ton cri
les nacres de la vie
ta plus grande bonté
le meilleur que tu donnes
ce pourquoi tu es née

Dans le soleil du jour
-Entends ! Le glas sonne
mais ce n'est pas celui
de l'amour en personne
-ne sois pas endeuillée !-
C'est simplement celui
des mots qui l'ont trahi

Mariée, lâche ta traîne
cours où la vie t'emmène
où bat ton cœur tu peux partir
là où ta voix résonne
oui, tu dois t'en aller


lundi 7 mars 2016

Un ciel illusoire

Tu ne peux pas aimer la vie
Tu ne peux pas trouver la paix
Celui qui t'a touchée a détruit
Le chemin même qui y menait
De loin les anges te sourient
Et si, et si tu t'envolais ?

Les bonnes âmes que voici
T'abjurent: et si tu pardonnais
N'entendent-elles pas qu'il t'avilit
Que ce lien doit être défait
Se croient-elles donc au paradis
Et si, et si elles se trompaient ?

Et cela que tu as appris
Cela que tu sais être vrai
Ces mots qui ne peuvent être dits
Et qui seuls te libéreraient
Au nom du ciel sont interdits
Mais un tel ciel qui en voudrait
S'il faut le payer un tel prix ?
Et si, et si il ne l'était ?

samedi 5 mars 2016

En un seul coeur

Alors tous les esprits rassemblés
celui des arbre
celui du vent
celui des nuages
ceux des villes et des maisons
celui des hommes
et de la divinité
d'un seul cœur
dans le mien ont parlé

Ce que tu fais
si tu ne le fais pas
qui le fera ?

Ce que tu dis
si tu ne le dis pas
qui le dira ?

Ce que tu es
si tu ne l'es pas
qui le sera ?

mardi 1 mars 2016

L'effacement

Tu t'étais réfugiée dans la nuit
et chaque fois que la lumière d'une torche s'y dirigeait
pour t'y retrouver
tu t'y enfonçais un peu plus.

C'est que
la lumière aurait révélé ce que tu ne voulais pas voir de lui
et que
jusque-là
tu avais habillé de ton propre regard.

Le visage de l'homme que tu avais dessiné
n'avait de ses traits
que ceux que ton pinceau avait bien voulu relever,
noyant ses tranchants impitoyables dans le flou de l'aquarelle.

Et chaque jour
l'homme ressemblait un peu moins à ce portrait.

Alors
tu l'avais retouché encore et encore
jusqu'à qu'il n'en reste qu'un tracé si vague
qu'on ne l'y reconnaissait plus.

Et puis
quand son visage avait fini de s'estomper sur le tableau
et que tu n'avais plus eu
en face de toi
que celui de l'homme de chair et d'os,
ce sont tes yeux
qu'il t'avait fallu voiler,
un peu plus chaque jour,
d'un tissu toujours plus épais.

Et tandis que la nuit de ton regard l'engloutissait
c'était maintenant
ton propre visage
qui y disparaissait.

Tu t'es réfugiée dans la nuit.
Puisses-tu enfin t'y révéler.


lundi 18 janvier 2016

Les mots de rien

Mon ami
-proche ou lointain-
je ne sais pas
ce que tu vis.

Alors je voudrais que se taisent
les mots qui chantent
-si jolis-
ces mots que l'on a mis à prix
-celui-là, non !
celui-là, oui !-
pour entendre ce que tu dis.

Mon ami
tu es là
seul avec ta peine
-l'ignorance est bien pire que la haine-
 je voudrais que les mots l'apaisent
ces mots du coeur
ces mots de rien

C'est pour cela
que j'écris. 

dimanche 17 janvier 2016

Echoes

In the flat lands
where the river goes
a song echoes 
I know not whence
but the heart knows.

Birrell Walsh

mercredi 13 janvier 2016

Ce corps

Ce corps
ce corps qui te fût donné
tu es né avec lui
tu ne sais pas pourquoi
tu ne l'as pas choisi,
quand tu souffres
c'est par lui
qui ne peut t'amener
là où tu veux aller,
oh ce corps qui te pèse
tu voudrais tant 
qu'il soit plus léger 

Ce corps handicapé
qui depuis ta naissance
te refuse
obéissance
et tes rêves sont 
inachevés

Ce corps malade
sa douleur te tourmente
tu ne peux plus t'émerveiller

Ce corps blessé
gisant
sur un lit d'hopital
que l'on ne sait pas réparer
auquel tu te sens
maintenant condamné

Ce corps mourant
-tu voulais le quitter-
mais on t'a rappelé,
à des tuyaux
désormais
tu vis branché 

Ce corps qu'un autre
vient s'approprier
ce corps exploité,
ce corps violé,
ce corps torturé

Oui ce corps 
dont tu voudrais tant
n'être plus prisonnier
 
 

samedi 2 janvier 2016

L'arbre à souffle


Une parution dans la revue des écrivains méditerranéens Souffles 

 Couverture 
 https://books.google.fr/books?isbn=2900650607