mardi 28 janvier 2020

Comme si

Parfois
je sens que me traverse
le frisson de la mort

Un tremblement qui me renverse
quand
une âme se blesse
au réel de son corps
abandonné sur les contreforts
de la tendresse

Là où les pleurs se noient
dans la détresse,
interdits.

Parfois
je sens que me transperce
le silence déchiré de l'exil

Le silence de celui 
dont la voix s'adresse
à ceux qui l'ont accueilli
mais
d'un autre lieu
de leur coeur inconnu

cette voix est un fil
entre les deux
ici
où son chant me bouleverse
et là-bas
où il est interdit.

Alors
je ne peux pas faire comme si

Comme si
mon bonheur
ma liberté
ma vie
ne dépendaient pas de toi aussi.



dimanche 19 janvier 2020

C'est étonnant

Quand finalement
je cesse
de vouloir le savoir
le pourquoi de la souffrance

Quand ma question je l'adresse
à plus grand que l'humain
que je la remets
en d'autres mains

Que la réponse
à elle aussi
j'y renonce
je la lui laisse

Et bien
ainsi
sans le chercher
juste en lâchant
le désir d'une science
le soulagement vient

Et dans ce silence
une soudaine clairvoyance
que je n'attendais point

C'est étonnant

samedi 11 janvier 2020

Faire silence

Face aux pensées qui nous assaillent
Aux éboulis d'émotions
Faire silence

Devant les trop-pleins d'arrogance
Dans les tourments de nos courroux
Faire silence

Dans les fossés où la démence
Parcourt ce monde en dissonance
Faire silence

Devant la beauté du zénith
Intuition d'une clairvoyance
Faire silence

Aux côtés de l'être adoré
Nourri de cette connivence
Faire silence

Dans la nef d'une cathédrale
Dont les vitraux au soir s'animent
Faire silence

Au chevet d'un ami défunt
Recueilli dans la souvenance
Faire silence

Assis à l'ombre d'un tilleul
Tout recueilli dans sa présence
Faire silence

Faire silence
Et habiter ce silence
D'une paix tout en nuances.


                                   Kim Waag

dimanche 5 janvier 2020

Clair obscur

Il fait nuit

Il fait nuit en toi

Tu regardes la nuit
et seule la nuit est là

Et plus tu la regardes
plus elle s'obscurcit

Et tu ne sais plus quoi
et tu ne sais plus qui

Mais ce n'est qu'un mirage

Car la nuit la plus opaque
oui
a toujours un visage

Devient la nuit
et tu le verras !

jeudi 2 janvier 2020

Noël

Cet être-là
qui vient au monde

Cet être-là
qui grandit
mûrit
vieillit
s'épanouit
puis s'évanouit
dans l'autre monde

Cet être-là
qui vit
qui donc s'en soucie ?

Cet être-là
c'est toi
c'est moi
c'est lui

Et on le crucifie
il meurt sous les bombes
ou alors
on creuse lentement sa tombe
en exigeant de lui
ce qu'il ne peut
ou encore
on dit
que c'est lui qui le veut

Ce n'est pas mieux

Car si
dans cet être-là
on ne se reconnaît pas
-n'y en aurait-il qu'un seul
à porter ce linceul-
en sommes
je suis seul
tu es seul
il est seul
nous sommes
seuls au monde
aussi nombreux qu'on soit
tous autant que nous sommes