Je cherche les mots de ce poème.
Ce sont des mots pour dire l'indicible.
Ce cri gelé dans ma poitrine, qu'un souffle haletant vient étouffer.
Ce hurlement muet, qu'un gargouillis mourant vient expirer.
La voix d'une âme terrifiée.
Son chant éraillé.
La musique brisée de sa voix.
Car il n'est pas de mots sans la musique.
Pas d'autres mots que les mots chantés dans la musique de la voix, fût-ce dans un murmure.
Je cherche les mots de ce poème, car sans eux, je suis sans témoin.
Et sans témoin, le bien et le mal, la vie et la mort, l'amour et la haine, la joie et la peine se noient dans le gouffre de l'indifférence.
Sans témoin, je ne suis plus que le jouet de l'insensé.
Sans témoin, le paradis est un enfer.
Je cherche les mots de ce poème, et soudain, mon souffle s'apaise.
Et je les vois.
Je les voix se dessiner en moi, comme des notes sur la partition du silence.
Je cherche les mots de ce poème, et... oh merveille... je les vois, ces mots que je n'ai jamais pu prononcer.
