samedi 6 décembre 2014

Les bras en l'air

Compagnon d'infortune
mon frère
avec mes petits bras d'enfant
pour toi j'ai décroché la lune
et l'ai posée dans ton berceau
que tu ne sois pas sans lumière
terrifié
comme je le fus un peu plus tôt

Maintenant nous avons grandi
et loin de ce monde que nous avons fui
ma prouesse
ne vaut pas un clou
Décrocher la lune
pourquoi faire ?
quand il y a tant de lumière
partout

C'est pourtant tout ce que je sais faire
Là d'où je viens
c'est tout ce que j'ai appris
et je ne puis tourner la page
pour aller vers d'autres rivages
quand tant d'enfants
grandissent dans la nuit

Alors
tant pis
derrière le paravent de ma vie
pour eux je la décroche encore
les bras en l'air
le cœur de travers

Et ces mots...

Tes yeux se sont fermés
à la lumière
Ils ne voient plus que ce qui s'est arrêté
ce qui s'est cristallisé
dans la pénombre

Tes yeux ne savent plus la beauté

Et lorsque vient le jour
si bleu
si clair
ils sont tournés vers la nuit d'hier
ce temps passé sans même une seule étoile
sous la voûte des pierres accumulées
des faits de l'homme
devenus caverne
solitude égarée

Tes yeux n'aperçoivent plus
que leurs tristes décombres
et en sont aveuglés

Et ces mots
qui viennent à ma bouche
ne sont pas ceux que tu attends

Je voudrais tant qu'ils te touchent
Mais là où tu es
tu ne les entends

Alors plutôt que de me trahir
en te disant ce qu'il te plaît
Je me tais

Et tous ces mots que je ne peux dire
ne se parlent plus qu'en secret