jeudi 16 décembre 2021

Soupire !

Quand la tendresse première a manqué
dans le temps révolu de l'enfance
Dis-moi
Dis-moi comment tenir
sur ses deux pieds

Quand le corps au présent vacille
sous un fardeau trop lourd à porter
Dis-moi
dis-moi comment tenir
sans la béquille du passé

Quand les promesses de l'avenir
n'ont pas guéri l'ancienne blessure
Dis-moi
dis-moi comment tenir
en boitillant sur le souvenir

Quand le souffle encore s'épuise
dans ce douloureux balancement
Dis-moi
dis-moi comment nourrir
le chant joyeux du lendemain

Marcher ainsi il n'y a rien de pire
mais il est un tout autre chemin
Je te le dis
je te le dis, soupire !
S' asseoir ici dans le moment qui tremble
et contempler le firmament


lundi 13 décembre 2021

jeudi 11 novembre 2021

Sous le duvet

Soudain
le ciel s'est obscurci

Il n'y avait plus
que la terre

Et la terre sans le ciel
c'est l'enfer

Soudain
les mots n'ont plus rien dit

Il n'y avait plus
que des corps

Et un corps sans le dire
c'est la mort

Sous le duvet
qui laissait croire
qu'on en avait perdu la mémoire
une étincelle

Celle de la vie vraie
qui
même quand elle ne voit pas le ciel
le dit



mardi 19 octobre 2021

Pardon

Ce que tu as fait
a laissé des traces
que nul
ne peut effacer

Des traces dans un corps
qui sans cesses est blessé
un mal
qui jamais ne passe

Et quand je m'endors
il est là sans recul
le canal
du temps cesse de s'écouler

Alors vois-tu non
je ne peux pas te pardonner
car seul ton nom 
à ce mal peut être donné

De toi je dois me délier
pour sortir de l'impasse
et le pardon
viendra de la divinité

vendredi 17 septembre 2021

Les chevaux du pouvoir

Ils ont enfourché
les chevaux du pouvoir
de la gloire
autoproclamée

Alors
comment vivre ?

Les chemins sont quadrillés
par leur bon vouloir
que tu sois faible ou fort
tu leur appartiens

Alors
comment vivre ?

Ce qui est bon pour toi
ils disent le savoir
mais ils ne connaissent
que leur propre bien

Alors
comment vivre ?

Et ta vie à toi
ils s'en font le maîtres
éloignant de toi
ceux auxquels tu tiens

Alors
comment vivre ?

Comment vivre
quand vivre n'est possible
que dans l'indicible
en abandonnant
ce vers quoi
tu tends la main 

Quand vivre
ne veut plus dire vivre

Quand ils commettent le pire
au nom de ce qui se croit certain 

C'est-à-dire
quand ils tranchent
le désir de vivre

Oui
comment vivre ?





samedi 21 août 2021

Le lac de ma mémoire

Sur le lac de ma mémoire
Je ne vois plus que les noyés
Sur la route de mon histoire
Seuls apparaissent ceux qui l'ont quittée

Dans le creux si brutal de leur absence
La peur se terre d'un mal autrefois subi
Dans l'oubli ravageur de leur démence
A sombré l'espérance de le savoir guéri

Et toi qui poursuit avec moi le voyage
Je crains qu'à ton tour comme eux tu t'en ailles
Et que seule, je perde le goût de la nage
Que les roues du train de ma vie ne déraillent

Et la prière béante que désormais j'adresse
Au maître mystérieux de notre destinée
Attend qu'au fil de l'eau à l'infini se tresse
Cet avenir merveilleux qui ne peut pas s'imaginer



dimanche 1 août 2021

Pour chercher le sens

Je dépose sur le papier les premiers mots de ce poème.

C'est un poème pour retrouver la joie d'être au monde.

Mais quels sont les mots de la joie ?

Car si la joie émerge du silence et qu'un mot, par miracle, s'en saisit pour lui donner voix, que peuvent les mots quand le silence ne laisse entendre qu'une tristesse infinie ?

Et pourtant, la joie, je sais qu'elle est là, quelque part, à l'intérieur, dans cet espace en moi qui n'est pas moi, dans cet ailleurs qui est ici, dans le doux mystère d'une présence autre et mienne à la fois.

En sommes, il suffirait de se tenir là.

Mais cela, justement, je ne le peux pas.

La voie du silence m'est interdite, comme elle l'est à tous ceux qui aiment un être qui ne la connaît pas.

Un être qui en a perdu la mémoire.

Un être qui ne la cherche pas.

Un être qui ne la cherche plus.

Un être qui a renoncé à la joie.

Ce renoncement qui survient quand la joie se croit acquise plutôt que donnée.

Quand elle se pense victoire sur l'adversité plutôt qu'ouverture sur l'impensé.

Quand elle s'imagine enfant d'un rêve enfin réalisé plutôt que mère d'un désir jamais épuisé.

Je dépose sur la papier les mots de ce poème, et je te vois, toi, emportée dans le courant de la mélancolie, sans résistance aucune et sans retour possible.

Car c'est en elle que demeure l'inconnaissance, ce qui fait sa force désespérée.

Un regard qui reste fixé sur un horizon disparu au lieu de se tourner vers l'intérieur.

Un regard absent de lui-même.

Je dépose sur le papier les mots de ce poème, mais la joie d'être au monde, ils passent à côté, car sans le sens, elle ne peut s'y incarner.

N'y aurait-il qu'un seul homme à ne pouvoir y accéder, cela serait déjà insensé.

Nombreux, comme toi, sont-ils pourtant.

Alors, si je dépose les mots de ce poème sur le papier, le sens, c'est pour le chercher.


Cachée

Tu n'étais pas
celle que je croyais
que tu étais

Tu étais celle-là
parce que tu croyais
que tu l'étais

Et celle que tu étais
n'était pas celle
que l'on trouvait belle

Elle était celle
qui ne se voyait pas telle
qui ne s'aimait pas

Et celle-là pourtant
je l'aimais tout autant
sans étincelles

Mais mon amour ne pouvait pas
faire briller pour elle
ce qui en elle était absent

Ce qu'elle avait abandonné
sans jamais y avoir renoncé
faisait écran

Puisse-t-elle
le retrouver tel quel
là où elle est maintenant

samedi 3 juillet 2021

Si...

Si 
la divinité
n'est pas dans ce monde
où ton corps
s'inscrit
alors
elle n'est nulle part

Si
la divinité 
de ne te guérit
quand tu sombres
la mort dans l'âme
alors
elle n'est qu'un hasard

Si
la divinité
ne s'incarne
contre le sort
qui sur toi s'acharne
alors
l'esprit qui l'imagine
n'est qu'un vantard

Voilà pourquoi
il faut la chercher
ici
dans le monde où tu vis
dans ton âme meurtrie
dans le sort qui te poursuit
à l'envers du décor


dimanche 30 mai 2021

Une histoire

Mon histoire
vois-tu
n'est pas celle
que j'ai cru

Ma mémoire
gardait pour elle
ce qui n'était pas tel
que je l'aurais voulu

Et puis
c'est revenu
ainsi
que cela fût

Alors je ne sais plus
ce qu'est la vie
telle quelle

Ma mémoire
mise à nu
me révèle
une histoire
qui n'est pas belle

J'en démêle
les ficelles
mais pour qui
mais pour quoi
si ce n'est pas...

Pour que toi
à ton tour
cela
tu ne le vives pas
un jour




jeudi 20 mai 2021

Publication

 Nouveau poème paru dans la revue Rose des Temps, janvier-avril 2021.

Pour en savoir plus sur l'association Parole § Poésie, qui publie cette revue, voir le site L'ouvre boîte à Poèmes http://ouvreboiteapoemes.e-monsite.com/


dimanche 16 mai 2021

Connaissez-vous l'angoisse

Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse,
La honte, les remords, les sanglots, les ennuis,
Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits
Qui compriment le cœur comme un papier qu'on froisse ?
Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse ?

Charles Baudelaire


Connaissez-vous l'angoisse
ce mal dont on ne dit
jamais
que ce qu'on en pense
quand un autre le vit ?

Connaissez-vous l'angoisse
ce mal qui ne se dit
jamais
car les mots manquent
à celui qui le vit ?

Connaissez-vous l'angoisse
ce mal qui rampe
toujours
sous le non-dit
du mal commis ?

Connaissez-vous l'angoisse
ce mal qui tente
toujours
de rappeler l'infamie
de ce silence ?

Connaissez-vous l'angoisse
qui fait si mal
encore
quand le temps est passé
du mal subi ?

Connaissez-vous l'angoisse
ce mal qui vous poursuit
encore
quand la vie vous rappelle aujourd'hui
qu'hier elle vous fut ravie ?

Connaissez-vous l'angoisse
ce mal qui vous tua
un jour
en vous laissant en vie
en la tuant en vous ?

Connaissez-vous l'angoisse
l'angoisse de la nuit 
et du jour
ce mal qui est bien pis
que tout ?

Si vous le connaissez
alors vous le savez
qu'il peut être guéri
un jour
et c'est vrai

Qu'un jour vous pourrez être en paix
mais seulement si
ce mal qui vous fut fait
vous le reconnaissez
pour vrai.

samedi 24 avril 2021

Etre là

Tu étais là
mais tu étais absente
sans me dire pourquoi

Où étais-tu partie en toi ?

Que faisais-tu là-bas ?

Et moi
je cherchais à comprendre
ce que tu ne disais pas

A traduire tes silences

A le dire pour toi

Et ce que je vivais moi
je ne le savais pas
je ne le disais pas

Maintenant tu n'es plus
tu n'es plus là
et soudain te voilà
omniprésente

Tu ne t'en vas pas

Ce que maintenant tu me dis 
tu me l'as dit déjà
autrefois

Tu le répètes

Oui, je le sais déjà

Mais maintenant moi
je cherche le silence
un espace où tu ne serais pas

Où tu te tairais
pour me laisser la place
à moi

Pour laisser la place
à ce que vis
un espace pour moi

Où se traduirait ce que je vis

Où se dirait ce que je n'ai pas dit

Où ce que je vis
en silence
c'est pour moi que je le dis
pour moi que je le traduis

Pour pouvoir vivre ce que je vis
sans toi










Rêver

Sur le bord du chemin de la vie
un homme s'est endormi
Il rêve

Les passants sont surpris
il faut marcher sans trêve
C'est ainsi

Se reposer, d'accord
mais quand on sera mort
C'est écrit

Mais alors
Pourquoi donc marchez-vous
et où donc allez-vous ?


dimanche 14 mars 2021

Terre effritée

Ce qui faisait la terre sur laquelle je marchais
s'effrite sous mes pieds.

Ce qui faisait le ciel vers lequel je tendais
se brouille à mon regard.

Mais voilà que la terre devient ciel
et que sa clarté dissout la brume de mes yeux.

Et je marche maintenant dans la clarté débrouillée du ciel de mon regard sur la terre effritée.


lundi 8 mars 2021

Le bateau échoué

Je dépose sur le papier les premiers mots de ce poème.

Ce sont des mots pour trouver la tendresse alors que le bateau de ma vie s'est échoué.
La trouver, plutôt que la retrouver.

Car ce qui, avant, portait le nom de tendresse, n'était rien d'autre que son décalque.

Cette douceur dont l'humanité affuble ses élans mortels.
Cette douceur qui déguise ses sourdes lâchetés.
Cette douceur qui se dissout dans le sommeil, comme un glaçon dans un verre d'eau.

N'en reste plus, à la surface, que les scories.
Et, tout au fond, l'absence de la tendresse se révèle.

Pourtant, je peux la nommer.

Et puisque je connais son nom, n'est-ce pas qu'elle est là, en creux, dans le manque que j'ai d'elle ?

Sous le sceau de mon impuissance à faire cesser le mal.
En filigrane de ces prières que je continue pourtant d'adresser au ciel.
Sur l'envers du silence qui seul leur répond.
Là où jamais mon cœur n'a regardé.
Au dedans de lui-même.

En deçà de l'amour.

Je dépose sur le papier les mots de ce poème, qui surviennent sans crier gare, si différents de ceux que je croyais porter en moi.

Des mots bien plus rugueux que ceux dont j'aurais voulu être le porte-voix.

Des mots témoins de la souffrance bouillonnant dans l'étrave du bateau tandis que, sans y prendre garde, je regardais vers l'horizon.

Des mots qui la ravivent quand ils sont prononcés à voix haute, comme une main posée sur un corps blessé, mais qui la nourrissent quand ils sont tus, comme des feuilles sèches s'enflamment sur la braise.

Des mots pour dire cette souffrance dont la tendresse est le seul remède.

Je dépose sur le papier les derniers mots de ce poème, et soudain, je vois.
Je vois que les mots ne peuvent trouver la tendresse, mais qu'ils l'appellent.

Et la tendresse répondra.




dimanche 7 mars 2021

Nouvelle parution



Nouvelle parution dans le Recueil des Poètes du concours 2020 des Amis de Thalie.



Les Amis de Thalie
Revue Littéraire et Picturale
lesamisdethalie@hotmail.fr

dimanche 7 février 2021

Ce poème

Que ce poème
paraît vain
après ta mort
devant la grandeur
de ce lieu éternel
où tu te tiens

Puisse-t-il quand même
en cette heure
adoucir le sort
alléger le chagrin
de ceux qui t'aiment
par les mots -qui rappellent
que tu n'es pas loin.


A mon ami Christian,
qui est passé hier de l'autre côté du voile

mercredi 3 février 2021

mercredi 20 janvier 2021

Un rayon de lune

La chaleur de ta main sur la mienne.

Un rayon de lune qui réunit sous sa lumière les êtres seuls dans la nuit.

Quand il se pose sur nous,
avec tous je revis.