Une pièce vide
La colère
puis la tristesse
et après,
l'attente
et ensuite,
le désespoir
l'ont quittée
emportant avec eux tout ce qui s'y trouvait
Le piano et son tabouret
les envolées de notes à travers l'espace
Les livres et le papier
les lettres qui s'enroulaient au bout de ton stylo
La boîte de couleurs
Mais ta vie était là
dans ces menus objets
A son tour
leur souvenir s'efface
et avec lui
les mots qui les nommaient
dont il ne reste plus que la trace
et qui cherchent encore à se dire
dans ce semblant de parole
ces phrases informes
émanant des tréfonds de ton corps
Mais qui donc exigea de toi
un tel renoncement ?
Quel esprit malin te souffla
de les laisser réduire à néant ?
Et quelle divinité donnerait le nom d'amour
à ce sacrifice
sans déchoir du ciel ?
Tu ne tiens pas en joue
celui qui te menace
tu ne noues pas la corde
de celui qui se pend
et tu n'es pas le souffle
qui le garde vivant