samedi 21 août 2021

Le lac de ma mémoire

Sur le lac de ma mémoire
Je ne vois plus que les noyés
Sur la route de mon histoire
Seuls apparaissent ceux qui l'ont quittée

Dans le creux si brutal de leur absence
La peur se terre d'un mal autrefois subi
Dans l'oubli ravageur de leur démence
A sombré l'espérance de le savoir guéri

Et toi qui poursuit avec moi le voyage
Je crains qu'à ton tour comme eux tu t'en ailles
Et que seule, je perde le goût de la nage
Que les roues du train de ma vie ne déraillent

Et la prière béante que désormais j'adresse
Au maître mystérieux de notre destinée
Attend qu'au fil de l'eau à l'infini se tresse
Cet avenir merveilleux qui ne peut pas s'imaginer



dimanche 1 août 2021

Pour chercher le sens

Je dépose sur le papier les premiers mots de ce poème.

C'est un poème pour retrouver la joie d'être au monde.

Mais quels sont les mots de la joie ?

Car si la joie émerge du silence et qu'un mot, par miracle, s'en saisit pour lui donner voix, que peuvent les mots quand le silence ne laisse entendre qu'une tristesse infinie ?

Et pourtant, la joie, je sais qu'elle est là, quelque part, à l'intérieur, dans cet espace en moi qui n'est pas moi, dans cet ailleurs qui est ici, dans le doux mystère d'une présence autre et mienne à la fois.

En sommes, il suffirait de se tenir là.

Mais cela, justement, je ne le peux pas.

La voie du silence m'est interdite, comme elle l'est à tous ceux qui aiment un être qui ne la connaît pas.

Un être qui en a perdu la mémoire.

Un être qui ne la cherche pas.

Un être qui ne la cherche plus.

Un être qui a renoncé à la joie.

Ce renoncement qui survient quand la joie se croit acquise plutôt que donnée.

Quand elle se pense victoire sur l'adversité plutôt qu'ouverture sur l'impensé.

Quand elle s'imagine enfant d'un rêve enfin réalisé plutôt que mère d'un désir jamais épuisé.

Je dépose sur la papier les mots de ce poème, et je te vois, toi, emportée dans le courant de la mélancolie, sans résistance aucune et sans retour possible.

Car c'est en elle que demeure l'inconnaissance, ce qui fait sa force désespérée.

Un regard qui reste fixé sur un horizon disparu au lieu de se tourner vers l'intérieur.

Un regard absent de lui-même.

Je dépose sur le papier les mots de ce poème, mais la joie d'être au monde, ils passent à côté, car sans le sens, elle ne peut s'y incarner.

N'y aurait-il qu'un seul homme à ne pouvoir y accéder, cela serait déjà insensé.

Nombreux, comme toi, sont-ils pourtant.

Alors, si je dépose les mots de ce poème sur le papier, le sens, c'est pour le chercher.


Cachée

Tu n'étais pas
celle que je croyais
que tu étais

Tu étais celle-là
parce que tu croyais
que tu l'étais

Et celle que tu étais
n'était pas celle
que l'on trouvait belle

Elle était celle
qui ne se voyait pas telle
qui ne s'aimait pas

Et celle-là pourtant
je l'aimais tout autant
sans étincelles

Mais mon amour ne pouvait pas
faire briller pour elle
ce qui en elle était absent

Ce qu'elle avait abandonné
sans jamais y avoir renoncé
faisait écran

Puisse-t-elle
le retrouver tel quel
là où elle est maintenant