mardi 17 décembre 2013

Un livre

Un livre ouvert
sur une page blanche
où jamais rien ne s'inscrit

N'y parle plus que la lumière
dans l'écrin transparent des mots

Silencieux et doux
comme des flocons de neige
qui nous feraient un chaud manteau

Et pour titre
une fenêtre
découpée délicatement
dans le carton bleu de sa couverture

Son unique ornement

Le plus précieux des ouvrages
mais aussi
le plus savant

jeudi 5 décembre 2013

Des catacombes

Mon travail
ce matin
s'est révélé pour ce qu'il devait être.

Rien qui ne se montre
rien qui ne se paye
rien qui ne s'admire
rien qui ne s'échange
Rien que l'on appelle quelque chose.

Juste ouvrir une petite porte à la lumière,
dans le vide.

La laisser occuper l'espace de la désolation
là où le ravage a fait son œuvre.

Rien n'y a résisté.

La haine a détruit sur son passage
jusqu'au plus infime débris de ce qui fût.

Pas même un décombre.

Et la vie s'est tapie dans les catacombes
pour ne pas l'attiser.

Et puis
ayant tout consumé,
la haine s'est consumée elle-même.

Alors le voile s'est déchiré
celui qui imitait la lumière
semblant de réalité.

Nul ne verra la lumière
s'il n'a jamais vu l'ombre
qu'il lui faut traverser.

Et ce ne sont qu'images
et ce ne sont que mots
quand le premier ouvrage
ne s'est pas défilé.

Celui qui se croit terre
celui qui se croit pierre
mais qui est seulement
un joli ornement
que l'enfant a tissé
sur ce tissu fragile.

Oui, il faut du courage
pour ouvrir cette tombe
mise à nu.

Ce caveau où ne repose
ni défunt
ni cadavre
ni squelette
et d'où sortent soudain
tous les fantômes immondes
que son scellement
avaient enfermés.

Ainsi restaient-ils vivants.

Les voilà qui tournoient
effluves grimaçantes
les voilà qui se noient
dans la poussière du vent.

Les voilà disparaissant.
Ils ne sont plus.

Nul ne verra la lumière
qui n'a jamais compté leur nombre.

Celui qu'à chacun
chaque vivant
chaque être
chaque homme
il fut donné de libérer.

Et que du fond de la nuit
cette abysse
leur prison enfin vide
elle jaillisse.

En myriades d'étincelles légères
en faisceaux de doux rayons
en éclairages paisibles
en tendres illuminations.


mercredi 13 novembre 2013

Jamais deux fois

Nothing Twice  

Nothing can ever happen twice.
In consequence, the sorry fact is
that we arrive here improvised
and leave without the chance to practice.

Even if there is no one dumber,
if you're the planet's biggest dunce,
you can't repeat the class in summer:
this course is only offered once.

No day copies yesterday,
no two nights will teach what bliss is
in precisely the same way,
with precisely the same kisses.

One day, perhaps some idle tongue
mentions your name by accident:
I feel as if a rose were flung
into the room, all hue and scent.

The next day, though you're here with me,
I can't help looking at the clock:
A rose? A rose? What could that be?
Is it a flower or a rock?

Why do we treat the fleeting day
with so much needless fear and sorrow?
It's in its nature not to stay:
Today is always gone tomorrow.

With smiles and kisses, we prefer
to seek accord beneath our star,
although we're different (we concur)
just as two drops of water are.

Wislawa Szymborska
Translated by Clare Cavanagh and Stanislaw Baranczak

mercredi 2 octobre 2013

Tes yeux

Derrière les barreaux de ta cage
Tes yeux l'ont maudit
Pour t'avoir volé ton visage
Et laissé seule dans la nuit

Et puis les larmes sont venues
Pour les laver de ce non dit
Inextinguibles elles continuent
A t'entraîner dans l'oubli

Alors un ange apparut
Qui te sauva du naufrage
Et tu t'enfuis vers le large
Dans ses grands bras tenue

Dès lors tes yeux percent
Là où les hommes ne voient que néant
Et toi tu n'as de cesse
De t'y tenir tendrement

Et devenir ange toi aussi
Pour bercer ceux que la vie blesse
Au cœur de leurs nuits

mardi 24 septembre 2013

Le coucou

Sur sa petite branche d'arbre
Il chante à mi-voix
Pour enlever mon chagrin
Que j'ai eu dans le jardin

Il vient avec moi cueillir
La fleur qui va me faire grandir
Car je me suis enveloppée
De son cœur de tranquillité

                                   Sahra, 9 ans

vendredi 16 août 2013

C'est

Ce n'est pas seulement le ressentir
C'est aussi l'être

Ce n'est pas seulement l'apparaître
C'est aussi le devenir

Ce n'est pas seulement le dire
C'est aussi le faire

Ce n'est pas seulement le parfaire
C'est aussi le tenir

Ce n'est pas seulement le comprendre
C'est aussi le savoir

Ce n'est pas seulement l'apprendre
C'est aussi le percevoir

Ce n'est pas seulement le penser
C'est aussi le vivre

Ce n'est pas seulement l'aimer
C'est aussi le suivre

Ce n'est pas seulement le vouloir
C'est ne pouvoir faire autrement

Ce n'est pas seulement l'entrevoir
C'est s'y trouver maintenant

Ce n'est pas seulement le découvrir
C'est ne jamais en revenir

lundi 8 juillet 2013

Presque silencieux

Squatting in the cave
looking at the cold ember,
"Where did the fire go?" he asked
"What will replace it?" he asked,
not noticing  the ash
and the leaves outside
and the sea (far away)
are stirred by
an almost silent breath.

                                                Birrell Walsh


Accroupi dans la grotte
Il regarde la braise froide
-Où est passé le feu ? demande-t-il
-Par quoi le remplacer ? demande-t-il
sans remarquer que la cendre
et les feuilles, dehors
et la mer (au loin)
sont remuées

par un souffle presque silencieux



mercredi 3 juillet 2013

Les yeux ouverts

Mon refuge est un temple de pierre
Un solide rocher

Les mots sacrés sont la lumière
Qui s'imprime sur le papier

Et l'amour est ce divin mystère
Qui en toi vient s'incarner

Mais si je prends ce temple pour l'éternité
Le refuge devient prison
Et la pierre n'est que dureté

Mais si je prends ces mots pour la vérité
La lumière se mue en obscurité
Et je perds la raison

Et si je te prends pour la divinité
L'amour n'est plus qu'une illusion
Où je me perds

Ami restons
Dans la félicité
Les yeux ouverts

samedi 1 juin 2013

Il faut...

"Il faut que le noir s'accentue pour que la première étoile apparaisse."

Christian Bobin
l'homme -joie

mardi 21 mai 2013

Ton doux regard

Ton doux regard
compassion sans pareille
consolation infinie
berceau du souffle de ma vie
oui

mais aussi

Ton doux regard
le rire silencieux de la joie
de celui
qui sait que
oui
cette souffrance n'est qu'étincelles
dans le grand ciel de la vie
qu'elle n'a pas plus de consistance
que les nuages dans le ciel

oui mais aussi

Ton doux regard
comme un lac
calme
pas un remous pas un ressac
il n'en existe pas ici
oui
mais dans ton regard
si

mais aussi

Ton doux regard
sa profondeur
limpide
plus claire que la lumière
de tous les soleils réunis
et la peur
oui
il y en avait ici
mais quelle était sa couleur ?

Ton doux regard

sculpté sur un morceau de bois
mais par qui ?
-qui l'a sculpté sans le savoir-
un morceau de bois posé là
dans une vitrine
parmi tout un fatras de produits d'usine
mais par qui ?
-qui l'a posé ici sans le voir-

Ton doux regard
juste pour moi
oui mais aussi
pour tous ceux qui le croisent par hasard
et même ceux qui
oui
ne savent rien de lui
en le croisant le savent

mardi 16 avril 2013

Monstres et compagnie (2)

                                     
                                                       

Monstres et compagnie

 

dimanche 31 mars 2013

Je ne peux pas

L'amour est là
L'espace de mon coeur
Où sourit la tendresse
Immensément

Parce qu'il est là,
tout simplement
Sans vouloir
Sans attendre il s'adresse
A qui le veut
A qui l'attend

Mais je ne puis t'aimer haïssant

La joie est là
L'espace de mon esprit
Où s'invite la parole
Librement

Parce qu'elle est là,
tout simplement
Sans en chercher la cause
Sans juger elle entend
Tout ce que les mots osent
Ce qui se dit
Ce qui se sent

Mais je ne puis t'écouter haïssant

La paix est là
L'espace de mon être
Où s'étend la sagesse
Infiniment

Parce qu'elle est là,
tout simplement
Sans limite elle enseigne
Sans relâche elle professe
Ce qui ne se sait pas
Ce qui ne se comprend
Effaçant toute peur

Mais je ne puis t'apaiser haïssant


mardi 5 mars 2013

Rencontres extraordinaires

 
 

                                                                                                                                                                                                               

dimanche 3 mars 2013

Publication

Amis lecteurs, bonjour !

Je viens de publier un petit recueil de ma poésie (en autoédition), A travers le brouillard, la lumière. Vous pourrez y retrouver un certain nombre des poèmes que vous avez pu lire sur ce blog, plus quelques inédits.

Vous pouvez vous procurer le livre dès maintenant sur lulu.com (pour les Américains) et lulu.com/fr/ pour les Français (et pour les Suisses, sans doutes également). Il existe je crois aussi une boutique lulu.com allemande.

Vous pourrez également le trouver sur Amazon (tous pays), mais ce sera dans 6 à 8 semaines.

Par ailleurs, l'un de mes poèmes paraîtra dans l'anthologie de poésie 2013 de Flammes Vives (2ème volume). Pour en savoir plus sur Flammes Vives et ses publications, voir le site web du même nom.