mercredi 21 février 2018

C'était...

C'était.

C'était mort.

C'était mort
quelque part en toi.

C'était mort
non pas
parce que c'était arrivé à sa fin.

Ce n'était pas
mort
parce qu'on l'avait tué.

C'était mort
parce que cela
n'était pas encore né.

Ca n'avait pas pu naître
parce que la porte lui était fermée.

Et c'était resté
dans les limbes
d'une vie impossible.

Et puis soudain
le verrou est tombé.

Alors ça c'est révélé.

Souffle, souffle,
réchauffe-le
que cela palpite
que cela naisse
que cela vive enfin !


lundi 19 février 2018

Sans pitié

Quand les larmes coulent
qui viennent noyer
ton bonheur
la divinité
alors
se fait douceur

Ses bras s'ouvrent à ta douleur
apaisant ton cœur

Quand la colère gronde
qui vient broyer
ta tranquillité
la divinité
alors
se fait tendresse

Ses bras s'ouvrent à ta terreur
embrassant ta fragilité

Quand l'épuisement guette
qui vient assécher
ce que tu peux donner
la divinité
alors
se fait chaleur

Ses bras s'ouvrent à ta détresse
réveillant ce que tu es

Mais quand ce geste est commis
qui se sert
de l'autre pour lui
qui s'approprie la vie
la divinité
alors
est sans pitié

Elle détruit
celui qui l'accomplit

C'est pourquoi
on ne doit pas
le laisser faire




jeudi 8 février 2018

Immortel

Dans le temps
de ton absence
ici-bas,
le temps
de ta présence
au-delà des apparences,
j'entends ta voix.

Une voix silencieuse
et claire
et soyeuse,
une voix de velours,
cette voix
qui hier
ne pouvait que se taire.

Et ce corps
que je perçois
quoique je ne le voie pas,
ce corps que tu es maintenant,
purement,
il était déjà tien
avant.

Essentiellement.

Corps immortel
étoile éternelle,
pour lui
passer de l'autre côté
du voile
de la mort
n'est rien.

Il le fait
quand cela est bien.

Et si nous savions
chacun
reconnaître le sien,
alors
quand cette vie
nous appelle encore
à faire ce pour quoi nous somme nés,
de ce qui la détruit
nous guéririons.


Une porte

Si le soleil se noircit
des écumes de l'âme

Si les amarres se rompent
en chavirant l'amour

Si la danse s'arrête
quand le violon se meurt

Si le brouillard s'allonge
sur le banc des désirs

Si les promesses se noient
dans le flot de l'oubli

Si l'amitié se distend
décousue par l'absence

Si le corps se fendille
sous la bourrasque du temps

Si la vie se meurt
par manque de présence

Peut-être faut-il frapper
à la porte du bonheur.

                            Philippe Derckel