Tu t'étais réfugiée dans la nuit
et chaque fois que la lumière d'une torche s'y dirigeait
pour t'y retrouver
tu t'y enfonçais un peu plus.
C'est que
la lumière aurait révélé ce que tu ne voulais pas voir de lui
et que
jusque-là
tu avais habillé de ton propre regard.
Le visage de l'homme que tu avais dessiné
n'avait de ses traits
que ceux que ton pinceau avait bien voulu relever,
noyant ses tranchants impitoyables dans le flou de l'aquarelle.
Et chaque jour
l'homme ressemblait un peu moins à ce portrait.
Alors
tu l'avais retouché encore et encore
jusqu'à qu'il n'en reste qu'un tracé si vague
qu'on ne l'y reconnaissait plus.
Et puis
quand son visage avait fini de s'estomper sur le tableau
et que tu n'avais plus eu
en face de toi
que celui de l'homme de chair et d'os,
ce sont tes yeux
qu'il t'avait fallu voiler,
un peu plus chaque jour,
d'un tissu toujours plus épais.
Et tandis que la nuit de ton regard l'engloutissait
c'était maintenant
ton propre visage
qui y disparaissait.
Tu t'es réfugiée dans la nuit.
Puisses-tu enfin t'y révéler.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire